A la guerre comme à la guerre | Scorpius

La journée avait été douce. Dans le ciel azur, le soleil avait réchauffé corps et esprits avec ses rayons. Le parc avait été envahi par une foule d’élèves désireux de prolonger l’été qui touchait pourtant à sa fin. Agatha n’avait pas été en reste, elle avait passé une heure dans l’herbe, assise ou allongée, à profiter du beau temps et de ses amis retrouvés. Bientôt la routine reprendrait ses droits, elle hocherait machinalement la tête pour saluer ses camarades en les croisant dans les couloirs, ils parleraient plus de cours que de vacances, elle ne s’émerveillerait plus devant la beauté du château et ne se plaindrait plus du bruit que faisaient ses camarades de dortoir en se pressant pour aller à salle de bain.  Alors, il fallait profiter de cette liberté et de l’impulsivité des premiers jours. Agatha n’était pas la plus routinière ni la moins impulsive mais elle-même ne pouvait lutter contre la répétition du quotidien.

Bien sûr, cela ne l’empêchait pas d’essayer.
Il était très difficile voire impossible d’empêcher Agatha de mettre un peu d’imprévu dans ses journées.

Armée de son plus beau chapeau pour lutter contre le soleil, de sa baguette pour lutter contre elle-ne-savait-pas-bien-quoi et de son sac de cours qui l’avait aidé à lutter contre l’envie de rester allongée toute la journée, Agatha franchit la porte qui la ramenait au château. Dans le hall d’entrée, quelques élèves avaient élu domicile sur des bancs ou s’étaient simplement adossés contre le mur pour échanger. Loin de la foule qui se trouvait dans le parc, le hall était plus généralement un lieu de passage. Agatha elle-même le traversait pour se rendre dans son dortoir. Elle aurait pu – elle aurait du – traverser tout droit, descendre vers les sous-sols, se laisser envahir par une vague de fraîcheur et se diriger vers sa salle commune. Un trajet, qui avait déjà un goût de routine.

Seulement, du coin de l’œil, elle aperçut Scorpius, l’attrapeur de l’équipe de Serpentard avec qui elle avait établi une sorte de tradition. Voilà de quoi briser ce début de routine. Sans hésiter elle se dirigea vers lui :

« Eh Scorpius ! », héla-t-elle en agitant une main en l’air pour qu’il la remarque – cela lui évitait d’avoir à lever la voix, chose qu’elle ne faisait que très rarement. Il ne fallut que quelques enjambés pour arriver à son niveau. « J’espère que tu as profité de tes vacances pour revenir de bonne humeur, il va t’en falloir pour t’aider à surmonter toutes des défaites à venir. »

Adversaires un jour, adversaires toujours.

À la guerre comme à la guerre

Les cours avaient tout doucement repris, laissant place à une routine habituelle que le jeune Malefoy connaissait. Les cours de la journée terminés, Scorpius avait quitté la salle commune où il venait tout juste d'en ressortir après avoir déposé son sac de cours. Il n'avait que sur lui que sa baguette, la chose la plus importante pour lui dont jamais il ne s'en séparait. Scorpius qui voulait profité de cette fin de journée se trouvait dans le hall d'entrée où le jeune homme essaya de se frayer un chemin parmi la foule générale d'élèves qui s'éternisait à reprendre leur bavardage là où ces derniers les avaient laissé. Il était presque arrivé vers la sortie lorsqu'une voix familière l'interpella, l'élève en question agita sa main, le Serpentard s'arrêta net voyant l'élève de 6ème année de Poufsouffle et attrapeuse de l'équipe de sa maison venir à quelques enjambés dans sa direction. Comme toujours et par politesse, le jeune Malefoy salua cette dernière d'un large sourire comme à son habitude et lui répondit. Entre eux s'instaurait une amitié depuis qu'ils faisaient tous les deux du Quidditch, et aussi une forme de défis afin de les rapprocher. Salut Agatha ! J'ai passé de bonnes vacances pour ma part. Et toi de ton côté ? À qui le dis-tu ? Du temps que je m'en souvienne, on vous a toujours battu, mais qui c'est peut-être cette année Poufsouffle réussira à nous battre… Ou comme d'habitude se cassera la gueule. Répondit le blondinet en retour accompagné d'un clin d'œil, histoire de lui faire comprendre qu'il ne se voulait pas être méchant. Jouer un match contre Poufsouffle était une des meilleurs expériences. C'était une très bonne équipe mais pas du même gabarit que Serpentard. Scorpius reprit tout en marchant et lui fit un signe de tête de le suivre en direction du parc, il avait besoin de prendre l'air. Dis-moi, tu n'es pas venu me voir juste pour mes beaux yeux hein. Qu'as-tu en tête Mlle Yeats comme défi à me proposer ? Mais sache que ça commence que lorsque nos équipes seraient amenées à se croiser sur le terrain. J'ai hâte de voir Poufsouffle mordre la poussière face à notre équipe. Si je te demande cela, c'est pour avoir un avant goût à moins que tu préfère ne pas le dire avant, ce que je comprendrais. Mais sache que j'ai plein d'idées mais je ne te le dirai pas. En fait on va faire comme ça. Ne dis rien et on verra au moment voulu. Le Serpentard voulait laisser le suspens jusqu'au jour où ils seraient amenés à se confronter lors de match. Arrivé à hauteur de la grande porte il ouvrit et teint la porte, lui faisant signe de passer devant. Charmant et qui plus est galant ce Malefoy pas vrai ? Le temps était au beau fixe et il voulait en profiter quelques minutes avant de retourner à ses affaires dans la salle commune de sa maison.

(c) Padsky

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Agatha avait toujours Scorpius sympathique. Il avait une arrogance qui la faisait régulièrement lever les yeux au ciel et sans laquelle, la jeune rousse en était sûre, ils auraient été de très bons amis. A défaut, ils passaient tout de même de bons moments tous les deux et ils s’entendaient bien surtout lorsqu’ils parlaient Quidditch, enfin, sauf quand l’un des deux (indice, le plus jeune des deux) faisait preuve de mauvaise foi.

« Pardon, pardon ? » Agatha lui coupa la parole d’une voix douce mais assurée faisant comme si elle n’avait pas vu le clin d’œil du jeune homme. D’accord, elle n’avait pas répondu à sa question concernant les vacances mais cela n’avait à ses yeux, pas grand intérêt à côté de l’énormité que venait de dire le Serpentard. « Toujours battu ? Tu as une mémoire sélective oui », enchaîna la sixième année avec un froncement de sourcils qui contrebalançait le calme de sa voix. D’accord, Poufsouffle n’était pas toujours l’équipe la plus brillante, mais quand même. Agatha écouta malgré tout la suite des paroles de Scorpius et le suivit alors qu’il se dirigeait vers le parc. Elle n’était pas en colère, ni même vexée, elle défendait son honneur comme à son habitude.

Naturellement, la conversation glissa sur les défis qu’ils avaient l’habitude de se lancer et ce sujet redonna le sourire à la Poufsouffle dont les yeux se mirent soudainement à briller. Elle avait tant d’idées, une dizaine pour le moment mais il lui restait encore du temps pour en trouver d’autres et les combiner pour avoir l’idée parfaite. Agatha ne put s’empêcher de rire en entendant les paroles du Serpentard. S’il ne voulait rien lui dire elle ne lui dirait rien non plus, la surprise serait totale.

« Que c’est mystérieux ! », s’écria-t-elle en passant le pas de la porte. « Tu me diras après votre défaite, ça te mettra peut-être du baume au cœur de me décrire toutes tes merveilles idées, je suis sûre qu’elles sont fascinantes et je suis d’avance un peu déçue de ne pas pouvoir relever tes défis », le taquina Agatha, une moue mutine sur le visage. « D’ailleurs, tu tiens à tes cheveux ? », demanda-t-elle, l’air de rien.

Elle n’avait pas réellement prévu de s’en prendre à ses cheveux mais ça, il l’ignorait et elle était bien décidée à lui faire croire mille et une choses avant le défi.

Tout se passait bien ; Scorpius et Agatha marchait tranquillement vers le lac lorsque le Serpentard soumit sa dernière idée à sa camarade. La jeune rousse s’arrêta de marcher une bonne seconde avant de reprendre la marche et de revenir à hauteur du cinquième année. Elle était déçue. Déjà larbin de service était une expression qu’elle n’aimait pas, ensuite elle trouvait que cela manquait d’humour mais ça elle pouvait le contourner, elle se voyait déjà se tromper (oh zut…) et mettre de la cire de mauvaise couleur ses chaussures pour rire un peu et enfin, cela aurait aimé un peu plus d’originalité. C’est qu’Agatha était un peu exigeante en terme de défi, gage (qu’importait le nom). Elle pouvait faire le larbin, sans souci cependant, de façon insupportable. Malheureusement pour Scorpius, aux yeux d’Agatha cela n’allait jamais arriver puisque Poufsouffle allait gagner.

« Tu manques un peu d’originalité Scorpius », répondit donc la jeune Poufsouffle avec une touche de sarcasme dans la voix. « Si je perds, ce qui n’arrivera pas mais évoquons tout de même cette hypothèse, je peux être ton larbin si tu veux mais j’ai de bien meilleurs projets pour toi quand tu perdras... »

Agatha s’arrêta se rendant compte que son camarade s’était arrêté quelques secondes avant et avait maintenant sa baguette dans la main. Il prenait les choses bien trop au sérieux et Agatha ne put s’empêcher de pousser un soupir au plein milieu de sa phrase.

« … des projets qui n’impliquent pas tes cheveux, ne t’inquiète pas. », conclut-elle en levant les yeux au ciel. Il manquait cruellement d’humour, heureusement qu’elle en avait pour deux ou même pour mille d’ailleurs. « Tu sais que pour garder sa beauté, il faut déjà en avoir une hein ? », demanda-t-elle, innocemment en reprenant la marche.